Le 4 août 2020, la double explosion dans le port de Beyrouth a été un nouvelle exemple de catastrophe très localisée avec rupture momentanée de normalité, qu’il est intéressant de visualiser, afin de prendre conscience de la réalité de ce genre d’événement et des réflexes de survie à travailler.
Cette explosion va certes avoir de lourdes conséquences sur la ville (sanitaire, économique, etc.), mais ce n’est pas l’objet de cet article, qui va s’attarder plus sur l’immédiateté de l’explosion et les moments qui suivent, à titre individuel / familial… de la sécu perso / survie urbaine en somme, vous êtes habitués.
Cela nous rappelle, en septembre 2019, l’explosion à Rouen vécu de l’intérieur dans cet article.
Vu que l’explosion a eu lieu après un départ d’incendie, en ville, de nombreux temoins filmaient la scène au moment d’explosion, ce qui permet d’avoir une idée plus précise, en tous cas visuelle, de la violence du choc, de la rapidité de la propagation de l’onde de choc (et donc du peu de réaction possible), et des résultats immédiat de l’explosion sur la zone proche (et moins proche d’ailleurs aussi).
Plusieurs points clés pratiques mis en avant, à froid et sans émotion (ce qui n’enlève aucunement le caractère très triste de la situation pour les très nombreuses victimes et leurs familles) :
- en protection du domicile, le premier sujet à traiter est le choix de son habitation, qui peut se faire sur de nombreux critères (je développerai ça un jour prochain). Dans la partie « critères de sécurité », il est évident que la proximité de sites Seveso par exemple en France, ou « dangereux » plus globalement, est à prendre en compte. Après, dans le cas présent, outre les réglementations de Beyrouth et classifications des lieux (et le fait que ce soit public et facilement accessible), ce stock de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium n’était pas celui d’une entreprise, mais un stock abandonné par un armateur… le genre de situation à la fois particulière et sûrement peu connue des civils habitant ou travaillant à proximité. Tout ça pour dire que malgré beaucoup de précautions dans le choix de sa résidence, il peut toujours y avoir des cas particuliers (et même à la campagne… je vois les anti-urbains se frotter les mains :D)
- nous pensons assez naturellement à la sécurité de son lieu d’habitation (plus ou moins rigoureusement, mais tout le monde est sensible à l’idée). Nous pensons souvent moins à la sécurité de son (ou ses) lieu(x) de travail, en faisant parfois aveuglément confiance à son employeur. Les critères de sécurité de la protection de son domicile peuvent tout à fait être aussi appliqués à son lieu de travail… il sera difficile de faire changer l’implantation de son entreprise, mais une personne avertie en vallant deux, être conscient des risques plus élevés sur un lieu que sur un autre peuvent permettre à titre individuel de prendre des mesures plus drastiques (choix d’un bureau plus près de murs solides, d’une sortie de secours, échanges avec le responsable de site, participation au CHSCT pour avoir un max d’infos sécurité, etc.)
- à 500-600m de l’explosion les vitres explosent, les airbags se déclenchent, les voitures sont fortement bousculées, certains immeubles s’effondrent ou sont en partie détruits… rien que par l’onde de choc, et par les débrits qu’elle crée. A 3-4km, les vitres & éclats sont nombreux. Et tout cela est quasi immédiat après l’explosion. On voit toutefois sur les vidéos que selon la distance il y a parfois 1, 2 ou 3 secondes entre la vue de l’explosion et l’arrivée du souffle. Les enseignements un peu direct et de bon sens de cela sont : ne pas filmer un incendie (oeil rivé à l’appareil, on perd un temps de réaction), se mettre à couvert tôt dès que l’on sent que la situation est anormale (ou fuir selon la proximité ; décision compliquée à prendre quand on ne sait pas ce qu’il se passe et que l’on ne sait pas évaluer les risques), et si l’on est surpris par la vue d’un début d’explosion le seul réflexe à avoir est de se jeter à terre en position foetale en se protégeant la tête en espérant que le bâtiment ne s’effondrera pas… et en parler en famille pour que tout le monde ait le même réflexe
Bon courage à la communauté libanaise
En cas de danger « Plonge et couvre-toi »
Bert la tortue (1951) : https://www.youtube.com/watch?v=Lg9scNl9h4Q
Aller au sol fait en effet parti des drills fondamentaux auxquels il est bon de s’entraîner régulièrement.
Potentiellement utile en cas d’explosion, tremblement de terre, fusillade …
Plus d’images : https://www.youtube.com/watch?v=kst-b27d0lY&feature=youtu.be
https://www.nytimes.com/interactive/2020/09/09/world/middleeast/beirut-explosion.html