Le DIY (do-it-yourself, fais-le toi-même) revient à fond à la mode en période de pénurie, donc en ce moment pour les SHA (solutions hydro-alcooliques ; ou GHA, gels hydro-alcool-iques) & les masques.
Faire sa propre SHA à base d’alcool
Je partageais il y a quelques jours sur les réseaux sociaux un article expliquant comment fabriquer sa SHA. Cet article belge reprenait une recette officielle de l’OMS en ramenant la quantité à 1 litre. La recette de l’OMS de référence est ici :
https://www.who.int/gpsc/5may/tools/
system_change/guide_production_locale_produit_hydro_alcoolique.pdf?ua=1
(prenez le temps de lire l’original, c’est toujours mieux)
RECETTE 1
Le recette ramenée à 1 litre prévoit :
- 833 ml d’alcool à 96% (V/V)
- 42 ml d’eau oxygénée à 3%
- 15 ml de glycérine
Comme beaucoup de personnes qui essayent de se préparer un poil en amont, j’ai encore de la SHA à la maison et n’avais pas testé moi-même la recette. Mais, évoquant cette recette dans un article à paraître semaine prochaine dans Survival Magazine (et donc par acquis de conscience de bien vérifier ce que l’on écrit…), et me disant qu’il serait bon d’ancitiper d’avoir les ingrédients pour 1 litre de SHA au cas où (avant que ces ingrédients eux-mêmes deviennent compliqués à trouver), je me suis lancé à la recherche des ingrédients.
Je vis à Paris où il y a une pharmacie à peu près tous les 200 mètres (j’exagère pas). J’ai trouvé très facilement 2 des 3 ingrédients mais impossible de trouver de l’alcool à 96%, j’ai demandé dans une bonne dizaine de pharmacies. Le niveau des pharmaciens était d’ailleurs très aléatoire, certains n’avaient jamais entendu parlé de cet alcool. Une seule était vraiment « aware » et m’a expliqué. L’alcool éthylique à 96% est une forme d’alcool très pure utilisable pour fabriquer des spiritueux et en France il a du être réglementé. Les deux solutions pour en avoir sont :
- chez les fournisseurs pour laboratoires, en général des entreprises B2B où il faut montrer patte blanche ; c’est pas impossible, mais pas simple et pas au coin de la rue
- sous forme d’alcool ménager mais l’alcool y est alors souvent dénaturé avec des excipients très agressifs pour la peau ; la pharmacienne qui connaissait la recette m’a recommandé d’éviter ce type d’alcool qui pourrait créer des irritations
RECETTE 2
L’OMS fournit pour info une seconde recette, qui ramenée à 1 litre prévoit :
- 752 ml d’isopropanol à 99,8%
- 42 ml d’eau oxygénée à 3%
- 15 ml de glycérine
Mais même histoire, l’isopropanol est un produit de laboratoire qui ne se trouve pas facilement à la pharmacie du coin.
A la pharmacie du coin, il y a (encore pour quelques temps, même si ça commence à s’épuiser) de l’alcool à 90°. J’en ai acheté une bouteille pour voir la composition, et adapter la recette. Celle que j’ai achetée est de marque Cooper et elle indique dans la composition « alcool éthylique q.s. 90% (V/V) ». Cela veut dire qu’il y a 90 parts volumiques d’éthanol dans ce mélange (le reste étant de l’eau et quelques excipients à priori pas irritant puisqu’elle est vendu pour désinfecter les plaies).
RECETTE 3 <= la plus simple
La recette de l’OMS a pour objectif d’obtenir un mélange composé en volumes (et pas en poids) de 80% d’éthanol, les 2 autres ingrédients ne variant pas. Avec le l’alcool à 90% la recette devient donc :
- 889 ml d’alcool à 90% (V/V)
- 42 ml d’eau oxygénée à 3%
- 15 ml de glycérine
(et compléter à 1 litre avec de l’eau bouillie qui aura été refroidie avant le mélange, ou bien de l’eau distillée)
Laisser reposer 72h avant usage, cela permet à l’eau oxygénée de flinguer les bactéries qui pouvaient se trouver dans l’alcool ou les excipients.
Si vous avez acheté une bouteille de 250 ml d’alcool (comme moi sur les photos) et voulez partir sur une première fabrication moins grosse que 1 litre, cela donne :
- 222 ml d’alcool à 90% (=> retirer 28 ml à la seringue de votre flacon d’alcool qui servira de contenant final)
- 10 ml d’eau oxygénée à 3%
- 4 ml de glycérine
(et compléter à 250 ml avec de l’eau bouillie refroidie)
Ici, un flacon Cooper de 250 ml d’alcool à 90° composé d’éthanol à 90% (V/V), un flacon d’eau oxygénée dont H2O2 est à 3% (lire les compositions quand vous achetez), et de la glycérine Gilbert, une seringue de 50 ml, un embout plastique récupéré sur un pot de savon avec bouton pressoir (et à droite quelques vieux flacons de SHA que je pensais compléter avec de la solution mais je l’ai pas fait finalement). Les étapes ont consisté en :
– faire sauter proprement le capuchon de la bouteille d’alcool (avec une pince crocodile doucement)
– prélever 28 ml d’alcool dedans et garder cet alcool dans un autre flacon à part (ce serait dommage de gâââcher)
– faire sauter proprement le capuchon de la bouteille d’eau oxygénée (idem alcool, pour pouvoir introduire l’embout de la seringue)
– prélever 10 ml d’eau oxygénée, et les verser dans le flacon d’alcool
– prélever 4 ml de glycérine, et les verser dans le flacon d’alcool
– compléter le flacon d’alcool avec de l’eau bouillie (froide) ou de l’eau distillée ; cette étape rallonge un tout petit peu la solution, elle n’est pas obligatoire à mon avis
– fermer le flacon d’alcool et bien secouer
– laisser reposer 72h avant emploi
J’ai essayé le liquide, il est un poil plus fluide que les solutions du commerce que j’ai. J’hésite à remettre de la glycérine car si on en met trop, à l’inverse ça devient gras et pas agréable non plus.
Faire ses propres masques
Il n’est pas ici question de fabriquer des masques FFP2 ou FFP3 qui demandent un peu de technicité et des matériaux filtrant. Il est donc ici question de « masque standard », « masque de chirurgien », … ces masques parfois sans grande norme et de toutes les couleurs que l’on voit de plus en plus dans la rue.
Porter une masque n’a pas de véritable intérêt entend-on souvent, c’est seulement pour les malades.
Oui et non. L’intérêt « pour les autres » c’est que quand on éternue ou parle, il n’y a pas de postillons / « droplets » qui partent, et donc on réduit un peu son « empreinte personnelle » 😀
Sachant que l’on peut être infecté sans avoir les symptômes (au début et pendant de longs jours), c’est quand même sympa pour les autres.
Bon, mais je sens qu’il va me falloir user d’arguments plus égocentriques pour convaincre 😉
La vraie utilité du masque (que je ne porte pas encore, mais je me tate après avoir vu cette vidéo), c’est que l’on se rend vite compte quand on fait attention, et il faut faire très attention à celà en ce moment, que l’on porte très fréquemment, mécaniquement, sans y penser, sa main à sa bouche ou son nez ou ses yeux (pour se frotter, se gratter, prendre la pose, des fois pour rien…). Et ce sont ces foutus gestes parasites qui rapportent des choses de l’extérieur vers notre intérieur. Donc en fait, le masque peut être utile comme « pense-bête »… on ne porte pas la main à sa bouche ou à son nez avec un masque (enfin on touche le masque quoi). Reste les yeux…
Voici une vidéo pour fabriquer des masques en mode DIY :
Merci à Steve pour la vidéo !
Pour rappel, les consignes à connaître pour le COVID19 sont ici.
Stockage des SHA : http://www.cpias-auvergnerhonealpes.fr/Newsletter/2005/29/4_sha.pdf?fbclid=IwAR0GLGW2XHGkbhEoYFiL8zrBIGJjp4t89xtQHJgtf-9S78vnbZmmyeM-1us
Si vous ne trouvez pas / plus d’alcool à 90° / 90%, et qu’il ne reste que de l’alcool à 70°, faites avec de l’alcool à 70°, rajoutez l’eau oxygénée et la glycérine dans les mêmes volumes et ne rajoutez pas d’eau… ce sera un poil en dessous de la concentration de 80% d’éthanol recommandé par l’OMS mais ça marchera quand même pas mal, ce sera mieux que rien
Note : L’isopropanol se trouve dans certaines quincailleries semble-t-il, et il est plus pur que l’alcool… donc la recette 2 peut-être pas mal du tout si vous avez un magasin bricolage qui a ça
La recette montrée dans la vidéo Karate-Bushido est la moitié de la recette 3bis :
– 111 ml d’alcool à 90% (=> retirer 14 ml à la seringue de votre flacon d’alcool qui servira de contenant final)
– 5 ml d’eau oxygénée à 3%
– 2 ml de glycérine
(et compléter à 125 ml avec de l’eau bouillie refroidie)
Pingback: SARSCOV2, rappel de quelques règles de base - PROTEGOR® sécurité personnelle, self défense & survie urbaine
Pour trouver l’éthanol à 96%, pas compliqué. Du bioéthanol 96% utilisé pour les cheminées contemporaines bla bla bla. Trouvable facilement dans les magasins de bricolage ou encore chez Action par exemple. Économique à environ 2€ le litre.
Oui, mais le soucis avec ces produits détournés ce sont les excipients (les 4%) qui peuvent parfois être très irritants pour la peau… si tu en mets 10 fois par jour, à la fin c’est pas bon.
En quincaillerie, tu dois avoir de l’isopropanol qui sera peut-être mieux (recette 2)
Conseils de l’AFNOR
https://www.afnor.org/actualites/coronavirus-telechargez-le-modele-de-masque-barriere/
Conseils d’une ingénieur textile sur la fabrication des masques « DIY »
https://coutureetpaillettes.com/mes-coutures/masques-tissus-prevention-coronavirus/
Précisions tardives en ces temps de retour du covid.
L’alcool à 90 sur la photo est de l’alcool dénaturé: de l’éthanol (l’alcool du vin) + d’autres molécules proches.
Dans ma lointaine jeunesse on trouvait de l’alcool à 90 non dénaturé. Aujourd’hui non. Un vieux pharmacien de province m’a expliqué le truc. Attention, c’est du « on dit », je ne sais pas la part du vrai du faux.
L’alcool à 90 vendu en pharmacie était taxé au prix d’un produit de pharmacie standard. L’alcool « pour fruit » (pour faire des liqueurs) était taxé comme une boisson alcoolique (beaucoup plus!). C’était pourtant la même substance. Certains vieux de la vieille allaient donc se procurer de l’alcool en pharmacie pour faire leur gnôle: avec un pharmacien pas trop regardant ça pouvait s’arranger.
Et puis un jour les douanes ont décidé d’y mettre le holà. Et ont donc dit aux pharmaciens qu’ils pouvaient continuer à vendre de l’alcool à 90 non dénaturé mais… au niveau de taxation de l’alcool pour fruit. Les pharmaciens auraient donc abandonné.
Dans les faits alcool dénaturé ou non, du moment qu’il est vendu en pharmacie ça ne change pas grand chose à son efficacité contre le covid.
Evitez par contre d’utiliser l’alcool à brûler. Celui ci est de l’éthanol mélangé à du méthanol. Les vapeurs de méthanol sont facilement absorbées et il est très dangereux pour le système nerveux et le foie: c’est ce méthanol qui rendait aveugle les consommateurs d’alcool (mal) distillé « maison ».