Voici un sujet au cœur des enjeux de sécurité personnelle : l’emploi des nouvelles technologies par la police / à des fins de sécurité.

A titre personnel, on comprend tous le besoin d’avoir une dashcam dans sa voiture, des caméras chez soi (avec ce petit stress de faire transiter les vidéos sur un wifi ou de les stocker sur le cloud et se dire qu’un sys-admin quelque part peut vous mater sortir de la douche).

Mais quand c’est l’Etat, via la police, ou bien une organisation quelle qu’elle soit (votre entreprise par exemple, pire imaginez votre copro !) qui décide d’installer des caméras, le sentiment n’est déjà plus du tout le même. On a bien envie de pouvoir retrouver des cambrioleurs ou autres grâce des images enregistrées, on a même bien envie que cela dissuade les voleurs / agresseurs… mais on n’a pas envie d’être filmé (même quand « on a rien à se reprocher »), car on n’a pas envie de pouvoir être suivi, tracké, espionné, etc. Et le fond du problème est la confiance au tiers qui détient, exploite, peut accéder à ces vidéos. Et ce sentiment est très sain, il fait aussi partie de la sécurité personnelle, et c’est tout le paradoxe qui rend la chose un peu complexe.

Ce sujet des caméras est vieux de plusieurs dizaines d’années. Quand on visite Londres, on voit des « CCTV is watching you » partout depuis des lustres, et en France désormais les caméras sont aussi très nombreuses. La nouveauté réside dans les nouvelles technologies associées. A l’époque où des caméras enregistraient des bandes qui s’effaçaient et qui nécessitaient des heures de derushage pour retrouver une séquence, le risque d’exploitation détournée de ce qui était filmé était bien moindre. Désormais, et on l’a vu aussi bien dans Black Mirror que dans les évolutions de la sécurité en Chine, la reconnaissance faciale et l’utilisation d’intelligence artificielle (ainsi que la facilité croissante du stockage et de la rapidité d’accès) vont permettre des exploitations incroyables des vidéos… bien au-delà de la sécurité. Et avec de beaux risques d’atteintes aux libertés individuelles si laissées sans un contrôle très strict.

Cet article sur « Les grands évènements sportifs, l’argument pour légaliser la vidéosurveillance algorithmique en France » donne un aperçu intéressant du sujet. Il mentionne notamment un collectif anti « technopolice » (que je ne connais pas) dont les pratiques irriteront sûrement les plus police-friendly du blog. Et pourtant il est important d’avoir des organisations ainsi de contre-pouvoir pour entretenir une pression du public pour que les évolutions technologiques en matière de sécurité ne soient pas laissées au libre choix de décideurs uniques ou en petit comité, dont la subjectivité et le biais de position pourrait faire prendre de mauvaises décisions pour la société.

Merci Hugo C. pour les liens

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