Dans les années 90, avant d’être initié à internet et de me ruer sur les sites d’arts martiaux du monde entier, j’étais abonné à toutes sortes de magazines papier. Beaucoup de magazines US bien sûr (Black Belt, Inside Karate, Inside Kung Fu, Karate International, etc.), et un petit magazine fédéral coréen qui ne payait pas de mine dans son petit format, le magazine officiel de la World Taekwondo Federation. C’est dans le numéro de l’été 1997 que le magazine a publié un article en deux parties (la seconde partie publiée à l’automne 1997) qui m’a beaucoup marqué, et que j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête comme un sujet à continuer de creuser. Je suis parti en spéléo dans mes archives de magazines pour retrouver cet article et relancer ce sujet fondamental de l’équilibre entre littérature et arts martiaux, entre « arts de la paix » & « arts de la guerre ».
L’article de Patrick Chew « Equally complete in both literary and martial »
Je vous ai scanné l’article de Patrick Chew (趙锦洋 Zhao Jinyang, que je n’ai pas réussi à retrouver sur le net), sans son autorisation ni celle du magazine (chère WTF je m’en excuse, mais considérez qu’il s’agit d’un extrait d’archive de votre magazine désormais gratuit et numérique).
Cet article présente l’intérêt d’un travail de recherche « CJK », effectué sur les trois langues « Chinois, Japonais, Coréen (Korean) », ce qui n’est pas commun. Il part à la recherche des expressions historiques, dans ces différentes langues, qui associent la littérature/culture et les arts martiaux. L’article est en anglais, je vous laisse le découvrir.
La présentation du concept « WenWu »
En chinois (et on ne regardera ici que cette langue dont les caractères ont été repris historiquement par les coréens & les japonais, qui ont ensuite développé leur propre alphabets et ont fait évoluer le sens de certains idéogrammes & expressions), on peut résumer, et excusez-moi des quelques raccourcis / biais :
文 wén, idéogramme qui peut signifier littérature, lettres, culture, érudition, politesse, civilisation, manière, raffinement.
武 wǔ, idéogramme qui peut signifier arts martiaux, armée, combat, sport, force physique, violence.
文武 wén wǔ n’est pas un mot en soi en chinois, c’est juste l’apposition des deux idéogrammes précédents, qui s’opposent et se complètent sur le sens, nous le verrons par la suite, et qui se retrouvent juxtaposés dans de nombreuses expressions.
Anecdote amusante, il existe l’idéogramme 斌 bīn qui combine en un seul sinogramme les caractères Wen & Wu (Wen & Wu sont alors les deux radicaux constituant ce caractère, il faut comprendre que souvent, mais pas toujours, la construction des caractères chinois se fait à partir de radicaux qui ont un sens et dont la combinaison donne un autre sens). 斌 bīn signifie élégance dans l’attitude (pas l’habit), et s’applique généralement à une personne cultivée.
Des expressions de la vie courante opposent simplement Wen à Wu sous forme de Paix contre Violence :
你想来文的还是来武的? ni xiang lai wende haishi lai wude? : tu veux que l’on règle ça pacifiquement ou par la violence ?
Plus loin dans les expressions chinoises avec Wen & Wu
J’ai essayé de lister les expressions chinoises qui reprennent le concept de WenWu :
文武兼备 wén wǔ jiān bèi, expression qui désigne une personne bien équilibrée entre la culture & le combat.
Cette expression est celle qui a fondé l’article de Patrick Chew. L’auteur y liste 7 autres expressions absolument synonymes sur le sens :
– 文武兼资 wén wǔ jiān zī (plus littéraire classique)
– 文武二道 wén wǔ ér dào (compréhensible en chinois, mais non utilisé – origine japonaise probable)
– 文武两道 wén wǔ liǎng dào (compréhensible en chinois, mais non utilisé – origine japonaise probable)
– 文武全才 wén wǔ quán cái (plus banal, populaire, oral, connotation un peu « show-off »)
– 文武双全 wén wǔ shuāng quán (plus banal, populaire, oral) (à noter que 文武两全 wén wǔ liǎng quán existe aussi)
– 文武兼全 wén wǔ jiān quán (plus littéraire, classique, écrit)
– 文武兼济 wén wǔ jiān jì (plus littéraire, classique, écrit)
Mais on peut aussi noter d’autres expressions au sens proche :
文韬武略 wén tāo wǔ lüè, est une expression à plusieurs sens qui nécessite quelques explications de construction :
– 韬 tāo vient de 六韬 liù tāo, un livre de stratégie en 6 parties (les secrets des Dragons, Tigres, Léopards, Chiens…).
– 略 lüè vient de 三略 sān lüè, un livre sur l’efficacité en combat, en 3 parties.
Ces livres font partie des 7 livres classiques de stratégie de la littérature chinoise, avec le célèbre Art de la Guerre de Sun Zi. L’expression désigne dans le sens commun une personne qui associe à la fois d’excellentes compétences physiques & intellectuelles. En réalité, mais peu de gens connaissent cette explication, l’expression signifie plus profondément « il faut s’armer avec la force de la Nature en utilisant le minimum d’énergie. »
文死谏武死战 wén sǐ jiàn, wǔ sǐ zhàn, est un proverbe issu des grands classiques de la littérature chinoise qui indique que les intellectuels de la cour de l’Empereur étaient prêts à mourir pour conseiller l’Empereur, rectifier la conduite de l’Empereur et défendre leurs idées.
学成文武艺,货与帝王家 xué chéng wén wǔ yì, huò yú dì wáng jiā : « il faut apprendre à la fois les lettres et le combat pour être repéré par le roi ».
文武之道 wén wǔ zhī dào, expression qui désigne l’art de bien gérer les affaires, le stress. Cette expression est un « piège » dans notre analyse car 文 ne désigne pas la culture mais il s’agit de l’abréviation du nom d’un roi (周文王) connu pour son indulgence et son calme, et 武 celle d’un autre roi (周武王), un empereur plutôt tyrannique. Cette locution veut dire que pour bien gérer un pays (ou une affaire), il faut réunir ces deux forces.
文德武功 wén dé wǔ gōng, est une forme de compliment pour une personne haut placée et souligner sa capacité à gérer à la fois l’Etat et la guerre, l’économie et la défense.
Plus loin dans l’analyse
Le concept de « WenWu », c’est la recherche d’équilibre entre deux qualités qui semblent s’opposer mais qui en fait se complètent : la culture (au sens de l’ouverture d’esprit, d’intérêt pour la réflexion et une grande variété de sujets, de recherche de la vérité) & l’art guerrier (savoir se défendre, défendre sa famille, défendre ses valeurs). Ces deux qualités doivent être recherchées autant l’une que l’autre. Ces deux qualités sont étroitement liées car d’un côté, la connaissance profonde d’un sujet, l’érudition, l’intelligence peut éviter un conflit physique… et inversement parfois dans des situations extrêmes, les grandes idées s’imposent par la force physique (l’Histoire est là pour nous le rappeler).
Un guerrier qui n’a que des compétences martiales n’est qu’un outil sans tête, et ne saura résoudre ses problèmes que par sa compétence… principalement physique et violente.
Un homme cultivé qui n’a pas de compétence martiale sera faible et ne pourra pas protéger ou défendre ses idées, et surtout ne pourra pas les comprendre aussi profondément qu’avec Wu.
Un homme qui recherche à la fois à développer ses compétences intellectuelles et physiques (martiales) a la capacité d’aller plus loin dans ses deux voies de développement, car le Wen aidera son Wu, et son Wu aidera son Wen.
Au-delà de la Chine, dans les récits historiques, certains Samurai japonais, ou les fameux Hwarang coréens, connus pour leurs prouesses guerrières étaient aussi des hommes de lettres doués de nombreuses autres compétences artistiques. La notion de raffinement est souvent associée aux expressions décrites plus haut, comme si cet équilibre entre Wen & Wu dégageait quelque chose de supplémentaire à la simple addition de leur compétences respectives.
S’entraîner au Wu c’est travailler sur sa peur de la mort, puisqu’en étudiant les arts de la guerre (et a fortiori il y a plusieurs siècles, quand les guerres étaient courantes et que les guerriers devaient utiliser leur art régulièrement pour survivre), le guerrier voit la mort en face, que ce soit la mort qu’il cherche à provoquer chez son adversaire, ou bien sa propre mort qu’il risque à chaque combat. Ce rapprochement avec la façon d’appréhender la mort, fait des arts martiaux une activité physique avec une forte intellectualisation. Les arts martiaux sont bien plus que des sports (catégorie dans laquelle ils sont parfois réduits), et d’ailleurs aucune autre activité physique n’a donné lieu à autant d’écrits et même encore aujourd’hui de livres ; alors que les autres sports sont pour la plupart de simples divertissements pascaliens (se divertir de la mort en faisant autre chose), les arts martiaux ne s’en divertissent pas, ils jouent avec et essayent d’apprendre à mieux l’appréhender, et à l’éviter.
Pas étonnant avec cet éclairage sur la relation à la mort, que le Wu lève beaucoup de questions fondamentales et réflexives qui alimentent le Wen, et que le Wen apporte quant à lui les outils intellectuels et culturels pour approfondir ces questions.
Au final, en s’arrêtant sur ces deux notions apparemment opposées dans le langage commun, il est possible de prendre du recul et de finalement se rendre compte qu’il s’agit de deux notions imbriquées l’une dans l’autre. Wen est dans Wu, Wu est dans Wen.
Des sites pour prolonger la lecture
Jonathan Barbary (Pak Mei) & Emmanuel Agletiner (Yi Quan) ont tous les deux aussi écrit sur cet équilibre « WenWu », je vous conseille leurs blogs :
http://fatsanpakmeikune.blogspot.fr (et par exemple cet article de 2011 et cet article de 2019 sur WenWu & WuDe)
https://quanxue.blogspot.fr (et par exemple cet article)
Merci à Monsieur Li pour les recherches, explications et analyses — si j’ai bien appris une chose dans mes études de chinois, c’est que quand il s’agit d’approfondir des analyses de langues asiatiques, il est impossible (a minima très compliqué) de le faire sans l’aide d’un érudit local.
Notes sur les versions japonaises de « wenwu » (« bunbu »), de la part de deux amis nippophones :
– 文武 (bunbu) existe en japonais, utilisé apparemment principalement dans l’expression 文武両道 (bunbu ryôdô) : la plume et l’épée, les lettres et les arts martiaux
– L’expression 文武二道, qui veut dire la même chose, est plus ancienne et se retrouve seulement dans les vieux textes. C’est une création japonaise
– 文武兼资 est présent en japonais
– 文武两道 création japonaise
– Les autres expressions citées dans l’article ont l’air spécifiquement chinoises
Dans l’excellent « Un Art okinawanais à la métropole » (https://amzn.to/2M1vuXE), on trouve :
– page 23, texte de Funakoshi, la phrase « … il était hautement estimé comme un art martial cultivant de paire le physique et l’esprit »
– page 106, texte de Hôan, la phrase « … et excellait aussi bien dans les lettres que dans le combat » (文学武術にも秀でていた。) (merci Jean-Charles Juster pour la référence)
Emmanuel Charlot a écrit une page sur « Bunbu » dans l’Officiel du Judo de Q2-2019
http://asaikarate.com/testwebsite/bunbu-ryodo-%E6%96%87%E6%AD%A6-%E4%B8%A1-%E9%81%93/
Hier soir, j’ai assisté à une conférence de Tadao Takemoto, auteur du livre « Miyamoto Musashi, guerrier de la transcendance, vers un dialogue entre Bushido & Chevalerie », et il a fait référence à « BUN BU RYO DO », équilibre entre plume & sabre, en citant notamment les parallèles suivants :
– Malraux & Mishima
– Le Jisei (chants d’adieu poétiques, sous formes WAKA ou HAIKU / 31 ou 17 syllabes, écrits avant un suicide rituel) et le Seppuku
C’est une autre façon, très japonaise (un peu macabre), de voir le BUNBU !
En exemples occidentaux « Bunbu » sont cités dans la soirée Takemoto : Blaise de Montluc & Charles d’Orléans et plus récemment : Robert Poulet, Céline, Montherlant, Drieux, Mauriac, Ernst Jünger, …
Dans un magazine de Karaté japonais (新空手道, Shin Karatedo, le nouveau karaté-do) de 2018, un article sur feu Hirokazu Kanazawa montre une calligraphie : « 修文练武 » (de droite à gauche sur la photo) => « approfondir sa culture, s’entraîner aux arts martiaux »
« Il n’y a que deux puissances au monde : le sabre et l’esprit, à la longue le sabre est toujours vaincu par l’esprit » cf. Napoléon
« Depuis des années, quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds que je suis militaire de carrière. Et quand il s’agit de préciser, j’ajoute ‘je sais faire trois choses, lire, écrire, tirer' » cf. Alain Baeriswyl 01/04/2020
http://www.koreadangsoodo.org/philosophy-study-with-sabom/85-munmu-warrior-scholar
On Bunbu Ryoudo
By Master Toshitsugu Takamatsu
To use the literary and Martial arts for the nation means to prepare for societies turbulence. It is very common to have at least one social disturbance in every “reign.” You should never abolish learning the bugei (warrior arts), even in a short period. There are so many kinds of martial arts and among them only ju-jutsu is needed, this is also true in times of peace. At this time it may be used for self-protection.
At the same time, a person that studies jū-jutsu, also learns how to endure. The warrior understands the importance of separating anger from everything. Those who study ju-jutsu have good common sense and great character. If you ruin yourself over trivial things you may lose yourself, if you lose yourself you may eventually lose your home. This is a never ending cycle and… you may not ever be able to recover from it.
As with children and parents, the people to the nation, and to the country, sometimes you must sacrifice yourself for these things, in other words place them above yourself. To give an example, the Ōtomo family was prepared to die in the mountains or the sea (in the poem to die for the emperor).
Complete mastery of Budō in ancient times allowed warriors to make flying birds drop from the sky by using Kiai (spirit shout), through training in martial virtues. Training with the essence of breaking evil and allowing just to prevail. If I paraphrase this you could say, the way to attain the summit is to follow the laws of nature.
Therefore, there is no space between heaven and earth, yourself and your opponent, there is no space between anything in nature, all is connected and all is chaotic. In heaven it is natural to have In and Yō (positive and negative aka yin and yang), and on earth the virtue of hard and soft.
There are two main things that should be studied in Bunbu (literary and martial arts). These are the Golden rules (Iron rules in Japanese) of nature.
The true warrior learns by himself.
In the middle of heaven and earth, one learns the mental status of preparing to die. »
Where is Your Attention? Is that place, or thing, or idea, worthy of your attention? You have a choice. Consider for a moment a specific event or condition that has challenged you this week.
With that situation in mind, ask yourself, « Where is/was my attention? »
Is your attention on the inner or the outer?
On the seen or the unseen?
On the good or the bad?
On what is right or what is wrong?
On the frustration or the opportunity?
On worry or joy?
On satisfaction or lack of satisfaction?
On what you desire or the lack of it?
On the light or the dark side?
You have a choice.
What do you want to see with your attention?
Be gentle with yourself as you answer these questions.If you do not like your answer, laugh at yourself with loving appreciation and make a new choice.
Where is your attention?
Sur Bunbu Ryoudo
Par Maître Toshitsugu Takamatsu
Utiliser les arts littéraires et martiaux pour la nation signifie se préparer aux turbulences des sociétés. Il est très fréquent d’avoir au moins une perturbation sociale dans chaque » règne. » Il ne faut jamais abolir l’apprentissage du bugei (arts guerrier), même dans une courte période. Il y a tellement de sortes d’arts martiaux et parmi eux seul le jutsu est nécessaire, c’est aussi vrai en temps de paix. À l’heure actuelle, il peut être utilisé pour l’auto-protection.
En même temps, une personne qui étudie le jutsu, apprend aussi à supporter. Le guerrier comprend l’importance de séparer la colère de tout. Ceux qui étudient le jutsu ont du bon sens et un grand caractère. Si vous vous ruinez pour des choses triviales, vous risquez de vous perdre, si vous vous perdez, vous pourriez éventuellement perdre votre maison. C ‘ est un cycle sans fin et… vous ne pourrez peut-être jamais vous en remettre.
Comme pour les enfants et les parents, le peuple à la nation, et au pays, parfois vous devez vous sacrifier pour ces choses, autrement dit les placer au-dessus de vous-même. Pour donner un exemple, la famille ōtomo était prête à mourir dans les montagnes ou dans la mer (dans le poème à mourir pour l’empereur).
La maîtrise complète de Budō dans les temps anciens a permis aux guerriers de faire tomber les oiseaux volants du ciel en utilisant Kiai (cris d’esprit), grâce à l’entraînement aux vertus martiales. S ‘ entraîner avec l’essence de briser le mal et de permettre juste de prévaloir. Si je paraphrase ceci, vous pourriez dire, la façon d’atteindre le sommet est de suivre les lois de la nature.
Par conséquent, il n’y a pas d’espace entre le ciel et la terre, vous-même et votre adversaire, il n’y a pas d’espace entre rien dans la nature, tout est connecté et tout est Au paradis, il est naturel d’avoir In et Yō (positif et négatif alias yin et yang), et sur terre la vertu de dur et doux.
Il y a deux choses principales qui devraient être étudiées à Bunbu (arts littéraires et martiaux). Ce sont les règles d’or (règles de fer en japonais) de la nature.
Le vrai guerrier apprend par lui-même.
Au milieu du ciel et de la terre, on apprend le statut mental de se préparer à mourir. »
Où est votre attention ? Cet endroit, ou chose, ou idée, mérite-t-il votre attention ? Vous avez le choix. Considérez pour un instant un événement ou une condition spécifique qui vous a défié cette semaine.
Compte tenu de cette situation, demandez-vous : » Où est / était mon attention ? »
Votre attention est-elle sur l’intérieur ou l’extérieur ?
Sur le vu ou l’invisible ?
Sur le bon ou le mauvais ?
Sur ce qui est bien ou qu’est-ce qui ne va pas ?
Sur la frustration ou l’opportunité ?
Sur l’inquiétude ou la joie ?
Sur la satisfaction ou le manque de satisfaction ?
Sur ce que vous désirez ou le manque ?
Du côté clair ou du côté obscur ?
Vous avez le choix.
Que voulez-vous voir avec votre attention ?
Soyez doux avec vous-même lorsque vous répondez à ces questions. Si vous n’aimez pas votre réponse, riez de vous avec une appréciation aimante et faites un nouveau choix.
Où est votre attention ?
Jean Luc Guinot sur facebook :
Les Grecs anciens avaient un mot pour qualifier cette équilibre qui est aussi un but à atteindre ( pour moi en tout cas ) il s »agit du terme » Arété » . » L’arété désigne donc l’aptitude à faire quelque chose, le pouvoir de remplir parfaitement une fonction ou d’accomplir une tâche jusqu’à l’excellence ; en ce sens, la force et la santé sont l’arété du corps, l’intelligence et la perspicacité, celle de l’esprit. Au total, l’arété désigne, au sens le plus fondamental, toute sorte d’excellence. Celui qui jouit de cette arété réalise son plein potentiel, elle fait de lui un homme complet. Elle est ce à quoi tout Grec doit aspirer. » ( Wikipédia )
Pat Dair sur facebook :
L’Homme accompli doit être de cœur, de plume et d’épée.
Citation strictement perso et une philosophie de vie :
– de cœur pour tendre la main, assister autrui,
– de plume pour s’instruire, comprendre et ne pas dépendre d’autres filtres,
– d’épée pour protéger ses valeurs.
Matsumura Sokon’s Advice to His Last Formal Student
May 13, 1882
« You must first resolve to study if you wish to understand the truth of martial arts. This resolve is very important.
Fundamentally, the arts and the martial arts are the same. Each has three fundamental elements.
As far as Art is concerned they are Shisho-no-Gaku, Kunko-no-Gaku and Jussha-no-Gaku.
Shisho-no-Gaku is the art of creative writing and reading – in a word, literature.
Kunko-no-Gaku means to study the past and gain an understanding of ethics by relating past events to our way of life.
Both Shisho-no-Gaku and Kunko-no-Gaku are incomplete until supplemented by Jussha-no-Gaku, (the study of the moral aspects of the teaching of Confucius).
Have a tranquil heart and you can prevail over a village, a country, or the world. The study of Jussha-no-Gaku is the supreme study over both Shisho-no-Gaku and Kunko-no-Gaku. These then are the three elements necessary for the study of the Arts.
If we consider Budo, there are also three precepts. They are Gukushi-no-Bugei, Meimoko-no-Bugei and Budo-no-Bugei.
Gukushi-no-Bugei is nothing more than a technical knowledge of Bugei. Like a woman, it is just superficial and has no depth.
Meimoko-no-Bugei refers to a person who has physical understanding of Bugei. He can be a powerful and violent person who can easily defeat other men. He has no self-control and is dangerous and can even harm his own family.
Budo-no-Bugei is what I admire. With this you can let the enemy destroy himself – just wait with a calm heart and the enemy will defeat himself.
People who practice Budo-no-Bugei are loyal to their friends, their parents and their country. They will do nothing that is unnatural and contrary to nature.
We have « seven virtues of Bu ». They are:
Bu prohibits violence.
Bu keeps discipline in soldiers.
Bu keeps control among the population.
Bu spreads virtue.
Bu gives a peaceful heart.
Bu helps keep peace between people.
Bu makes people or a nation prosperous.
Our forefathers handed these seven virtues down to us.
Just as Jussha-no-Gaku is supreme in the arts, so Budo-no-Bugei is supreme in the martial arts.
« Mon-Bu » (Art and Martial Arts) have the same common elements. We do not need Gukushi-no-Bugei or Meimoko-no-Bugei – this is the most important thing.
I leave these words to my wise and beloved deshi Kuwae [Ryosei].
– Bucho Matsumura »
citation lue quelquepart sur la toile mais dont je ne saurai fournir les sources :
Une nation qui met trop d’écart entre ses soldats et ses érudits verra ses idées défendues par des lâches et ses batailles menées par des imbéciles.
On cite en chinois le Wuniu, le boeuf martial, pour stigmatiser l’individu centré sur la force, la violence et la pratique des arts martiaux sans le wen qui va de pair.
J’ai pour ma part rencontré le pendant, pourrait on dire Wenniu? des individus qui discourent à l’envie sur la supériorité présupposée de l’approche intellectuelle des choses martiales, et qui souvent sont biene n peine de démontrer les bases du wu sur lequel ils discourent tant…
Pour ceux qui comme moi s’intéressent à Wenwu / Bunbu (文武), une référence trouvée dans « Paraître et prétendre : l’imposture du bushido dans le Japon pré-moderne » de Olivier Ansart (https://amzn.to/2RGpI1e) que je dévore en ce moment (merci José Pernas) :
Chronique militaire de Yoshisada (1828)
« Depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, il y a cette division entre les armes et la culture littéraire. Leurs vertus sont comme le ciel et la terre. S’il en manque une, il n’est plus possible de gouverner le monde. Ainsi les nobles de cour privilégient la culture littéraire. Ce sont les arts des poèmes et de la musique. Mais dans cette voie (des guerriers) les armes sont le principe. Telle est la voie de l’arc et des flèches, et des batailles. »
https://dl.ndl.go.jp/info:ndljp/pid/2539263
文武双全,劳逸结合
BU par JC Juster : https://www.youtube.com/watch?v=JrryGO2a3ac
« Le philosophe en chambre aura beau ruminer l’idée de la mort, aussi longtemps qu’il restera à l’écart du courage physique qui constitue un préalable à la connaissance, il demeurera incapable de commencer à rien y comprendre. Qu’on entende que je parle de courage « physique » ; la « conscience intellectuelle » et le « courage intellectuel » ici ne sont pas en cause. »
cf. Yukio Mishima Le soleil et l’acier.
devise de Patrick Vincent : « la plume, le cœur et l’épée ».
Pingback: Quartier du livre au DOJO 5 : entre plume et épée - PROTEGOR® sécurité personnelle, self défense & survie urbaine
« Bun Bu Ichi » utilisé sur les affiches de stage de Roland Habersetzer