Le 16 avril 2023 s’est tenu un stage très attendu de Philippe Choisy sur la biomécanique du combat, l’accrochérisme et le pugilat au Dojo 5, la plus ancienne salle de sports de combat à mains nues de Paris. Un peu plus d’une trentaine de participants de toute la France et issus de différentes disciplines (arts martiaux asiatiques, MMA, krav maga, boxe française…) ont répondu à l’appel.

La biomécanique du combat
Après un échauffement thématique, Philippe Choisy est entré immédiatement dans le cœur du sujet de ce programme très dense. Pour être efficiente, la mécanique du combat repose sur un principe simple mais incontournable : la mobilisation des chaînes musculaires. On comprend tout de suite que les exercices de bodybuilding en isolation ne sont d’aucune aide pour neutraliser son adversaire. C’est bien l’impulsion depuis l’ancrage des pieds au sol, remontant vers les membres supérieurs par les hanches et les effets de leviers qui sont à la source de la puissance d’un coup.
“Rien de révolutionnaire” insiste Philippe Choisy, mais ces principes fondamentaux font la différence aussi bien dans les arts martiaux, les sports de combat que la défense personnelle. On est ici dans l’optimisation martiale par excellence. A travers des exercices ciblés, les élèves sont invités à prendre conscience de leur connexion avec le sol, à mesurer l’intérêt de la position des pieds pour l’axe du corps et intègrent rapidement les notions d’explosivité de la hanche, associées au retrait du coude opposé et à l’ouverture/fermeture du sternum.
L’accrochérisme
Le terme barbare d’“accrochérisme” (parfois écrit avec un seul “c”) fait référence à un ensemble de techniques utilisées lors des jeux olympiques dans la Grèce antique et pourrait être traduit par “la lutte du bout des doigts” (Gérard Lecoeur). Rapidement abandonné par les Hellènes car trop peu spectaculaire pour le public, cet art de tordre ou casser les doigts pour maîtriser un adversaire n’en est pas moins redoutablement efficace. Il est d’autant plus vicieux qu’il permet d’appliquer des points de pression extrêmement douloureux et handicapant de manière quasi invisible. On comprendra l’intérêt des exercices enseignés par Philippe Choisy pour certaines professions sensibles.


Les participants ont eu en outre l’occasion d’expérimenter l’accrochérisme dans le cadre de la lutte debout et au sol pour nourrir leur pratique personnelle quelle que soit leur bagage martial. Bien que théoriquement interdites dans la plupart des disciplines, les filouteries de Maître Choisy permettent de donner un petit coup de pouce (c’est le cas de le dire) pour débloquer certaines situations…

Le pugilat
Comme l’accrochérisme, le pugilat est une pratique de combat antique. Elle est attestée dès 2500 ans avant J.C. sur des poteries crétoises et devient une discipline olympique chez les Grecs en 688 avant J.C. Il s’agit bel et bien de l’ancêtre de la boxe moderne dans une version particulièrement brutale, avec un minimum de protection (les mains sont alors recouvertes de bandelettes de cuir appelées “cestes”) et une large gamme de coups permettant des frappes en coup de poing marteau ou du tranchant de la main, en plus des coups “classiques” de la boxe anglaise. En l’absence de gants protégeant le visage et les mains, les coudes deviennent des outils de défense active particulièrement appréciés puisque les phalanges viennent s’y briser, mettant souvent fin au combat de manière expéditive. Il faut ajouter qu’il n’y a aucune restriction sur les zones de frappes… Pour plus de précision, on pourra se rapporter à l’excellent travail de recherche de Brice Lopez d’Acta.
Fort de cette tradition et de dizaines d’années d’expérience personnelle, Philippe Choisy a adapté le pugilat à un contexte moderne. On peut ainsi dire qu’il est à la frontière entre les arts martiaux et les sports de combat, tout en constituant un apport inestimable pour la défense personnelle. Certains athlètes comme Anderson Silva en MMA ou Bec Rawlings en Bare Knuckle (boxe à mains nues) ont d’ailleurs déjà employé certaines techniques défensives comparables, sans parler des boxes thaïlandaises ou birmanes qui utilisent les coudes de manières offensives depuis des siècles.

Philippe Choisy a tenu a rappelé des principes de bases pour préserver son intégrité physique lors d’un combat : les parties dures de la main doivent frapper les parties molles du corps et les parties molles des mains les parties dures (en particulier le visage). On évitera alors les terribles blessures évoquées plus haut. Des exercices en binôme d’abord sous forme statique, puis en mouvement et enfin sous forme d’assauts légers ont permis au participant d’appréhender toute la dangerosité des armes à disposition.

Le terme d’”armes” n’est ici pas choisi au hasard, puisque Philippe Choisy est également professeur de canne, cet art martial français datant du XIXe siècle affilié à la boxe française et encore enseigné dans certains bons clubs de l’Hexagone. L’originalité de la méthode Choisy est en effet d’exploiter une seule et unique biomécanique martiale, que les coups soient donnés avec une arme tranchante, contondante ou bien à mains nues. Cette initiation au pugilat a alors permis de faire écho avec la première partie de la séance. La boucle est bouclée.
A l’issue de ce stage, les participants repartent avec une vision synthétique de ce que peut apporter l’expérience de Philippe Choisy dans leurs disciplines respectives. Au carrefour de diverses traditions, l’enseignant a su condenser des principes efficaces qui ne prétendent pas remplacer ou s’opposer aux autres arts mais bien les compléter et les optimiser. Le terrain à explorer reste vaste et fera certainement l’objet de stages d’approfondissement.

Texte : Hector Bellevaux
Photo : Sylvain Poquet
Lieu : DOJO 5
Bonjour,
Philippe est capable de transmettre de manière très claire certains grands principes du fonctionnement corporel adapté au combat. Plus une méthode est claire, simple, facile à appliquer, plus elle requière une somme considérable de travail en amont. Ce que Philippe délivre est une méthodologie accessible et pragmatique.
J’ai passer un après-midi à échanger avec lui et fais un stage, les principes sont encore gravés en mémoire.
Merci Philippe !
Thomas Bertin.