Les Jeux Olympiques à Paris en 2024 drainent un nombre incalculable de réactions négatives et de grincheries, y compris dans le milieu de la sécu perso et de la survie… alors que c’est une super opportunité de s’entraîner, en situation et quasiment sans risque. Je m’explique.
Gneu gneu gneu, moi je quitte Paris pendant les J.O.
Alors, que Jean-Pascal, roi des fragiles, se ventent de quitter Paris pendant les J.O., car il a la trouille du changement (et de tout), ça n’a rien de surprenant. Que Maurice, roi des paranos, fasse de même, car il estime que c’est hyper risqué, que toutes les foudres de Satan (dirigées par les Illuminatis pédophiles extra-terrestres) vont s’abattre sur la capitale, rien de surprenant non plus. Mais que Guillaume, simple civil vivant à Paris cherchant à équilibrer raisonnablement sa sécurité et sa liberté s’en aille, ça se discute. S’il se vante de quitter son lieu de résidence (qu’il a choisi donc) pour éviter la gêne que peuvent provoquer de petits changements d’habitude, ou bien pour ne pas assister à « un événement dont il se fout », ou bien le trop de sécurité et de police partout… c’est un peu louche, non ? Aucune de ces raisons ne tient la route, ou alors Guillaume est un Jean-Pascal ou un Maurice finalement, ou pire, un mouton qui suit les Jean-Pascal ou les Maurice
Mais quelles sont les vraies raisons qui motivent les grincheux parisiens à partir ?
Quizz parano
Ceux qui ont suivi une conférence avec moi ont sûrement eu l’exercice du Quizz Parano.
Pour rappel, en 2008 au lancement de Protegor, l’un des points clés de l’introduction du livre était de désamorcer de suite le côté « on va faire de vous des paranos », ce qui est un risque quand on décide d’enseigner, former ou donner des conseils de sécurité. Quelques articles comme celui-ci en parle ici aussi.
L’équilibre entre profiter et protéger, entre liberté et sécurité est quelque chose de personnelle, qui s’estime face à des situations. Dans le quizz parano, je demande par exemple à l’assemblée :
- Aller à la fête du Nouvel An sur les Champs Elysées, c’est sûr?
- Aller à une manif’ de gilets jaunes, c’est sûr ?
- Se garer dans une parking sous-terrain, c’est sûr ?
- Prendre les transports publics un peu éméché, c’est sûr ?
…
et désormais je pourrais rajouter - Assister à la cérémonie des J.O., c’est sûr ?
Ce genre de questions lèvent 3 types de réponses dans la salle : oui, non, ça dépend. Normal. Et l’intérêt de la discussion est dans le « ça dépend ».
Si pour vous, fêter le Nouvel An est important, pour vos relations sociales, pour vous, pour vos proches, et que sur les Champs Elysées c’est pour vous le top, pourquoi pas, en préparant la sortie et en se faisant une idée des risques possibles ce soir là, à cet endroit. Pour la cérémonie des J.O., si vous n’en avez rien à foutre, la question ne se pose pas, mais pour ceux qui ont envie de vivre une chose unique autour de la communion du Sport (tout le monde n’y est pas sensible, mais certains le sont avec une émotion intense), et bien il faut y aller, en étant prêt en conséquence (localiser l’endroit, les chemins d’accès et de secours, ne pas prendre d’accessoires de défense car nombreux filtres de police, vêtements de pluie, etc.) ; et pour le coup, ce devait être l’endroit le plus safe de la planète, beaucoup plus que les Champs Elysées un 31/12 au soir…
De l’adaptabilité
Je me souviens au collège ou au lycée, je ne sais plus exactement, m’être posé la question « qu’est-ce que l’intelligence »… et avoir commencé à comprendre qu’il y avait des gens « intelligents » (en maths par exemple) mais « cons » (relationnellement par exemple), ou bien l’inverse, « cons » (lents à comprendre les choses) mais « intelligents » (pour négocier, parler, convaincre, etc.). J’en étais arrivé à ma définition très personnelle de l’intelligence qui était la faculté (ou rapidité) d’adaptation à une nouvelle situation, à un nouvel univers, à un nouveau contexte. Cette définition demande une polyvalence de compétences, j’aime bien le concept.
Tu habites Paris, tu t’intéresses à la sécu perso. On te dit qu’il va y avoir les J.O. et tout le monde dit que ça va être un énorme bordel. C’est probable. Le French bashing vient noircir le tableau à son habitude. A quel moment tu décides de fuir ? Alors que Paris 2024 t’offre une opportunité incroyable d’entraînement de ton adaptabilité !
En effet, il faut anticiper les transports impactés, adapter ses itinéraires, prévoir les prix qui changent, connaître les périmètres de sécurité qui se mettent en place un peu partout, et aller sur des événements olympiques demande patience, contrôles divers… l’atmosphère change aussi, et c’est intéressant de le vivre. Alors oui, il peut y avoir des risques car Paris est la cible idéale des fous et la vie des français la plus jalousée du reste du monde. Donc il va y avoir des tarés qui vont tenter des coups de couteau, peut être des tentatives d’attentats plus conséquente. Bon, pas sûr que si tu vas voir l’aviron un matin à 9h tu risques grand chose. Et puis pas obligé d’aller voir des épreuves, la question est simplement pourquoi fuir Paris ? Pour des vacances ailleurs, parfait, mais l’argument alors n’est pas d’éviter les J.O., qui n’est peut être qu’un argument de « connard parisien » qui cherche à être dans la trend (des moutons). Mais si c’est l’argument fondateur, la vraie motivation à fuir, alors là c’est soit de la parano, soit de couille-mollesse aigüe (les deux se rejoignant parfois), et une belle occasion ratée de s’entraîner à s’adapter. Dommage.
Je suis pas parisien. Le sport à la télé ne m’émeut pas (je n’ai jamais regardé, ça me distrait rarement). Le sport, j’adore en faire, en voir ne m’intéresse guère, même dans la discipline que je pratique. Je peux comprendre que certaines personnes ne souhaitent pas subir des désagréments supplémentaires à leur vie déjà exigeante.
Je comprends l’inverse aussi que certains sont prêt à vivre ces désagréments ou aller à Paris pour voir les jeux et vivre l’expérience.
Tout ces arguments me semblent valables.
Par contre l’argument de « ça vous fait de l’expérience/ toute expérience est bonne à prendre / c’est une belle opportunité » me titille. Ça ressemble à de l’injonction à la performance. Le même remugle de pensée que certains dénoncent dans le divertissement, le tourisme de masse et donc les JO. Le même lingo du « business ». Ce business qui contribue aggraver des problématiques sociétales, politiques et environnementales qui vont avoir des impacts incommensurables sur nos modes de vie futurs et donc sur les questions de sécurité perso.
C’est probablement d’avoir omis cet angle d’analyse qui me laisse déçu de ce billet d’humeur.